La Cour criminelle ordinaire de Libreville rendu son verdict le 18 juillet dans une affaire de meurtre qui avait secoué la capitale gabonaise en 2019. Elie Martin Eko, alias « Mammon », et Victor Lionnel Nang Mbouissi, surnommé « La Catastrophe », ont été condamnés à 20 ans de réclusion criminelle ferme pour le meurtre de Rodrigue Effa Otogo, 32 ans, survenu dans la nuit du 6 au 7 novembre 2019 à l’Ancienne-Sobraga.

Les deux hommes, jugés pour assassinat et vol qualifié , ont été reconnus coupables d’avoir mortellement agressé leur victime lors d’un braquage nocturne. Ce soir-là, Rodrigue Effa Otogo, attaché d’administration à la Zone économique de Nkok, partageait un moment de détente avec des amis dans un bar à proximité de l’ancienne RTG. Profitant d’un moment d’isolement, les deux agresseurs l’ont pris pour cible.

Attaque préméditée et violences extrêmes

Armés de couteaux et de bouteilles cassées, les deux accusés avaient tendu une embuscade dans l’ombre, ciblant les clients isolés. Ils ont interpellé Rodrigue alors qu’il s’éloignait pour se soulager, exigeant téléphone et portefeuille. Face à sa résistance, une violente rixe a éclaté, au cours de laquelle ils l’ont cruellement poignardé avant de prendre la fuite, le laissant pour mort.

Malgré l’intervention rapide de ses proches et son transport au CHU d’Owendo, Rodrigue a succombé à une hémorragie massive. L’autopsie a confirmé la gravité des blessures infligées par armes blanches. L’enquête a rapidement permis d’identifier les deux agresseurs, déjà connus des services judiciaires pour des antécédents similaires.

Des récidivistes aux multiples versions

Au cours de l’audience, les accusés ont multiplié les versions contradictoires, tentant de diluer leur implication. Le ministère public, représenté par Steeve Ndong Essame Ndong, a dénoncé « la récidive manifeste et la dangerosité sociale » des deux hommes, soulignant leur incapacité à tirer des leçons de leurs précédentes condamnations. Il a requis la peine maximale sans circonstance atténuante.

Face à cette charge, la défense a tenté de plaider la responsabilité individuelle, tout en présentant des condoléances à la famille du défunt. Elle a appelé à la clémence, évoquant la jeunesse passée de ses clients et leur supposée volonté de réinsertion. En vain.

Un verdict salué par la famille de la victime

Le jugement a été accueilli avec soulagement par les proches de Rodrigue Effa Otogo, présents dans la salle. Son père, ému, a déclaré à la sortie de l’audience : « La justice a parlé. Mon fils ne reviendra pas, mais au moins ses bourreaux ne feront plus de mal à d’autres ». L’aîné de la famille, pilier économique de ses proches, a été « fauché dans la fleur de l’âge par une violence inacceptable ».

En sanctionnant lourdement les deux accusés, la Cour a voulu envoyer un message clair. Les juges ont estimé que les faits étaient d’une gravité exceptionnelle, commis avec préméditation et brutalité, et ne pouvaient rester impunis. Cette affaire s’inscrit dans un contexte de montée des violences urbaines à Libreville, où les agressions nocturnes se multiplient.

La justice gabonaise sur le front de la criminalité

Avec ce verdict, les autorités judiciaires réaffirment leur volonté de lutter avec fermeté contre l’insécurité. La Cour a rappelé que « la vie humaine est sacrée » et qu’aucune circonstance ne saurait justifier un tel déchaînement de violence. Le lourd passé judiciaire des deux accusés n’a laissé place à aucune indulgence.

Le meurtre de Rodrigue Effa Otogo restera comme l’un des drames urbains les plus marquants de ces dernières années à Libreville. À travers cette décision, la justice espère dissuader les récidivistes et redonner aux citoyens un sentiment de sécurité dans les espaces publics. Le signal est lancé : la violence gratuite ne passera plus.



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