Discours à la Nation

Gabonaises, Gabonais,
Mes chers compatriotes,

À la veille de ce jour sacré du 17 août, symbole de notre souveraineté, de notre unité et de notre destin commun, je m’adresse à vous en ma qualité de premier Président élu de la 5ᵉ République.

Au moment où nous allons célébrer avec fierté et émotion l’anniversaire de notre indépendance, je voudrais nous inviter à un voyage entre le passé et l’avenir, pour nous souvenir d’où nous venons et dessiner ensemble les grandes lignes de notre futur.

Mes chers compatriotes,

Je nous invite à cet exercice car le Gabon ne commence pas avec nous.

En effet, tout au long de la période coloniale, nos aînés, portés par un idéal de dignité et de souveraineté, ont arraché pacifiquement notre pays à l’administration coloniale et concrétisé leur rêve d’indépendance. Leur courage, leur sacrifice et leur vision doivent continuer de nous inspirer.

Chacun d’entre eux a fait sa part avec les moyens dont il disposait et a obtenu ce qu’il pouvait dans l’adversité. Je ne pourrais les citer tous ici.

Je pense aux trois grands déportés coloniaux en Oubangui-Chari : le guerrier Wongo, Léon Mba et Ogoula Iquaqua. Je pense aussi aux Pères fondateurs de notre République moderne et à tant d’autres héritiers.

Peuple gabonais,

À la suite de ces illustres devanciers, d’autres sont venus contribuer à l’écriture de la page démocratique et au retour du multipartisme dans notre pays en 1990.

À tous les anonymes qui ont apporté leur pierre à l’édifice démocratique de notre pays, qu’ils soient dignement salués !

Mes chers compatriotes,

Le 30 août 2023, une nouvelle page de notre histoire s’est ouverte avec le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions. Elle nous a conduits vers une transition pacifique, inclusive et démocratique, inspirant le respect de la communauté internationale et qui nous a permis d’entrer dans la 5ᵉ République, laquelle constitue notre nouveau défi politique, économique et social.

Sur le plan politique, il nous faudra œuvrer collectivement à la construction d’une démocratie gabonaise soucieuse de liberté, de pluralisme et de responsabilité.

Nous avons organisé une élection présidentielle libre, transparente et apaisée. Il n’y a aucune raison que les prochaines élections législatives et locales ne le soient pas.

Je suis persuadé que lorsque nous sommes divisés, nous dépensons notre énergie dans des querelles inutiles.

J’appelle donc tous les acteurs politiques au respect des principes de dignité humaine, de démocratie et d’État de droit, en laissant le peuple gabonais, seul souverain, choisir ses représentants en toute liberté et dans la paix, qui est notre plus grand héritage.

Dans cette optique, certaines mauvaises habitudes doivent disparaître progressivement.

La géopolitique, comme mode de gouvernance à laquelle nous avons été nourris, n’a pas porté les fruits escomptés. Cela doit prendre fin. Elle sera remplacée par la compétence.

Ce nouveau concept indique que la compétence du citoyen primera désormais sur ses origines ethno-régionalistes quand viendra l’heure de choisir l’homme ou la femme à la place qu’il faut.

J’exhorte l’élite politique et administrative de notre pays à adopter ce concept en le pratiquant, pour l’intérêt supérieur de la Nation.

Sur le plan économique, je veux que notre 5ᵉ République soit la République de la souveraineté économique, celle de la prise en main par les Gabonais de la gestion de leurs ressources naturelles. Et nous avons commencé à travailler dans ce sens.

L’heure est arrivée pour la construction d’une économie plus forte et plus prospère au bénéfice des Gabonais. Pour ce faire, nous devons viser un taux de croissance de 10 %.

Cela impose discipline, ardeur au travail, probité, cohésion et méthode.

À ceux qui nous accompagnent dans l’exploitation de nos nombreuses ressources naturelles, sachez que le Gabon est plus que jamais une terre d’opportunités où chacun peut récolter les fruits de ses investissements. Mais à une condition fondamentale : celle du partage de production, “gagnant-gagnant”, créateur d’emplois et de richesse.

Sur le plan social, chacun peut reconnaître que beaucoup a été fait pendant la Transition.

Nous avons réglé de nombreuses dettes sociales. Nous avons sorti le Gabon de la torpeur économique et nous avons mis tout le pays en chantier ces deux dernières années.

Il s’agit là d’un effort énorme, dont nous devons tous avoir conscience.

La période de Transition nous a permis d’expérimenter un Plan d’urgence de développement dont nous avons commencé à récolter les fruits.

Dès à présent, l’action socio-économique de l’État va être axée autour du Plan de Développement Communautaire , qui couvrira la période 2026-2032, sur la base de politiques publiques cohérentes, fondées sur des données correctes et visant un développement harmonieux et durable.

Depuis plusieurs mois, nous avons mis en place un fonds d’aide à l’entreprenariat des jeunes et aux agriculteurs, d’un montant de vingt-cinq milliards de francs CFA à la Banque pour le Commerce et l’Entrepreneuriat du Gabon, pour encourager l’auto-employabilité des jeunes afin de les sortir du chômage, avec un taux d’intérêt préférentiel de 5 %.

Au regard du faible engouement constaté, j’invite à nouveau la jeunesse à sortir de la passivité pour saisir les opportunités qu’offrent les différents secteurs qui attendent d’être mis en valeur par les entreprises gabonaises.

En 2026, nous allons également lancer un vaste programme de digitalisation comprenant l’octroi de 10 000 ordinateurs aux jeunes entrepreneurs du secteur, afin que, par leur innovation, ils valorisent la destination Gabon et positionnent notre pays comme un acteur dynamique dans l’économie numérique.

Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes,

Je tiens à vous rassurer que tous les chantiers d’infrastructures et projets sociaux lancés durant la Transition seront menés à terme.

Par ailleurs, j’insiste sur l’importance de la planification.

Nous ne pouvons tout réaliser simultanément et partout à la fois.

Il nous faut concevoir une stratégie fondée sur les priorités de notre développement, puis l’exécuter avec pragmatisme et réalisme. Cette approche méthodique est un impératif nécessaire.

Planifier, c’est organiser selon un plan et des méthodes déterminées, loin des passions et des subjectivités.

Dans notre démarche de planification stratégique, aucune région du territoire national ne sera oubliée. Chaque province bénéficiera équitablement du développement selon un planning maîtrisé et cohérent.

J’en fais le serment !

Peuple gabonais,
Mes chers compatriotes,

Le Gabon, notre cher pays, est une terre de richesses naturelles, de cultures plurielles, d’hommes et de femmes talentueux.

Malgré les nombreux défis auxquels nous faisons face, nous devons rester unis et déterminés à bâtir un avenir meilleur pour nos enfants.

La commémoration de ce 65ᵉ anniversaire doit également être placée sous le signe de la culture du vivre-ensemble.

Le patriotisme, la paix et l’unité nationale sont désormais notre force. Nous devons montrer qu’au-delà de nos différences, nous sommes avant tout des fils et filles du Gabon.

Plus que jamais, c’est ensemble que nous relèverons les défis de la diversification économique, de la production et de la transformation locale, de la justice sociale, de l’éducation et de la préservation de notre environnement.

Mes chers compatriotes,

« Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain. »

C’est avec cette foi en la bénédiction divine sur nos œuvres que je salue les efforts de tous les travailleurs infatigables, les jeunes porteurs d’innovation, les femmes engagées et les anciens qui nous guident par leur sagesse.

Je crois en votre patriotisme.

Dans ce Gabon nouveau, chacun de nous a un rôle à jouer dans l’édification d’un pays plus juste, plus prospère et plus solidaire.

Sans ignorer le passé, tournons-nous vers l’avenir avec confiance, détermination et ambition.

Investissons dans l’éducation de nos enfants, dans des infrastructures durables, dans une gouvernance transparente et inclusive.

Gabonaises, Gabonais,
Mes chers compatriotes,

Célébrons notre indépendance en réaffirmant notre attachement à la Patrie.

Vive le Gabon !
Vive la 5ᵉ République !

Que Dieu et les mânes de nos ancêtres nous guident, nous assistent et nous préservent !

Je vous remercie.